La chartreuse du Mont-Dieu

6 juin 2011

Il y a bien longtemps que les lombrics de la classe
ont rejoint le sous-sol de la pelouse dans la cour Marfée !
Depuis, nous avons voyagé avec nos pieds ici et là, et vous avec nous ...

Nous allons alors à rebours, et commençons par la forêt du Mont-Dieu
qui nous a accueillis avec la pluie et de nombreuses surprises ce lundi...

Les élèves de Georges Ouvrard et Bellevue devant le pavillon d'entrée de la Charteuse

Un peu d'histoire

La chartreuse du Mont-Dieu est une abbaye fondée en 1132, par Odon, abbé de Saint-Remi à Reims. L’ordre des chartreux a été fondé par Saint-Bruno en 1084.
La chartreuse du Mont-Dieu est la première en Europe à être construite en pierre et non en bois. Les vestiges actuels datent de sa reconstruction au XVIIè siècle.

Saint Bruno

Le lieu

Comme le veut la règle pour toute abbaye, Odon a choisi un vallon, ensoleillé, calme, en forêt, avec une source abondante : comme il n’y en avait pas, les chartreux ont percé la colline et construit un tunnel, permettant de ramener l’eau à l’abbaye. On le voit à la source Saint-Bernard, du nom du grand personnage qui séjourna souvent au Mont-Dieu , tout proche de la grande voie romaine de Reims à Trêves, appelée alors « le grand chemin ».

La source Saint-Bernard

A l’origine, Odon voulait christianiser un ancien site celtique, un temple païen, sur le Mont-Boson tout proche, d’où le nom de Mont-Dieu. Mais c’était trop venté et froid, au flanc nord du massif.

Plan de la Chartreuse au XVIIème siècle

La vie de l'abbaye

Les chartreux sont des contemplatifs, astreints au silence et à la règle « Orare est Laborare »

Prie et travaille … de 6h à minuit, les chartreux étudient, font un travail manuel (copie de manuscrits et jardinage), et prient ou assistent aux offices toutes les deux heures. Ils ont droit à une promenade hebdomadaire et solitaire autour du ban du Mont-Dieu .

Mais la chartreuse n’est pas isolée du monde : il y a des frères convers, chargés des travaux : forge et métiers divers (voir le plan) vergers, portier etc…et surtout l’entretien et la gestion de la magnifique forêt.

Les moines ont fait vœu de pauvreté : tout l’argent gagné sert à acheter des fermes dans la région, des forges, des moulins et des maisons : il en reste une à Reims. La chartreuse est riche et donne du travail à la population, qu’elle protège aussi : à certaines époques de famine, l’abbaye a nourri jusqu’à 3000 pauvres par an .

Mais surtout, sa bibliothèque est l’une des toutes premières et des plus fournies en Europe. Elle attire de nombreux érudits de tous pays qui viennent séjourner pour consulter les manuscrits rares et précieux, tel le célèbre archevêque de Cantorbery : Thomas Becket .

Au XVIè siècle, les chartreux s’entendent très bien avec leurs puissants voisins : les princes de Sedan, qui sont protestants et indépendants, mais sont reçus à la chartreuse. Des deux côtés, on pratique la tolérance.

La fin du Mont-Dieu

A la révolution française, le Mont-Dieu est confisqué comme tous les biens du clergé. Il est vendu à un entrepreneur, qui le démonte pour revendre les matériaux, ne conservant que très peu de bâtiments, où un commissaire du peuple dirige une prison. Il fait bourrer les cartouches avec les pages des manuscrits précieux. La bibliothèque est pillée. La légende veut que des chariots aient quitté les lieux en urgence, chargés des livres les plus précieux , mais on n’a jamais retrouvé leur trace ...

Les pierres taillées, les ardoises (un hectare de toitures), les poutres, les menuiseries, les vitraux, les statues … tout disparaît.

De ce grand foyer économique, intellectuel et spirituel, qui fut un haut-lieu, phare en Europe, il ne reste presque rien , sauf son histoire dont nous parle le vallon, redevenu silencieux et désert : à nous d’y méditer sur la tolérance .

Lucas nous montre les douves autour du pavillon Saint-Bruno